22 juin 2009 Patrick

5 scientifiques (tordus) qui ont essayé de vaincre la mort

Les experiences d'Aldini

Giovanni Aldini, le « réanimateur »

Giovanni Aldini était le neveu de Luigi Galvani, un médecin italien qui découvrit en 1780 qu’en électrocutant une grenouille morte, il pouvait faire bouger ses membres. Certains scientifiques de l’époque pensèrent alors que Galvani avait trouvé le secret de la vie. Comme il voulait aller plus loin que son oncle, Giovanni Aldini décida, lui, de « ranimer » des cadavres humains. Il s’en fit une spécialité, et parcourut l’Europe dans une tournée de science-spectacle où il terrifiait l’assistance en électrocutant des morts.

Sa plus célèbre démonstration eut lieu à Londres, en 1803, devant des membres du Collège Royal de Chirurgie. Aldini disposait du corps de Georges Forster, un homme de 26 ans executé pour avoir tué femme et enfant. Lorsque le visage de ce dernier fut traversé par le courant, ses yeux et sa bouche s’ouvrirent dans un rictus macabre qui glaça le sang de l’assemblée. Mais le clou du spectacle eut lieu lorsqu’Aldini brancha un cable à l’oreille de son « cobaye », et un autre directement dans le rectum du malheureux. Le corps de Forster se lança dans une gigue insoutenable, distribuant coups de poings et coups de pieds désarticulés.

Suite à la retentissante démonstration, le London Times rapporta qu’une partie de l’auditoire avait vraiment cru que le condamné était revenu à la vie…

Sergei Bryukhonenko, le décapiteur du Kremlin

Une tête de chien maintenue en vie par BryukhonenkoDans la Russie de Staline, le Dr Bryukhonenko était un des directeurs de l’Institut de Recherche en Chirurgie Experimentale. A la fin des années 20, à l’aide d’anti-coagulants et d’un système de circulation extra-corporelle de son invention, il parvint à garder en vie des têtes de chien pendant plus de 3h. Oui, des têtes de chien. Sans corps.

Bryukhonenko, essayant d'avoir l'air sympaBryukhonenko exposa une de ses têtes de chien en 1928, devant un parterre de scientifiques internationaux, lors du 3ème Congrès de Physiologie d’Union Soviétique. Lors de la démonstration, la tête coupée répondit à de nombreux stimuli. Elle tressaillit sous l’effet de bruits violents, ses pupilles se contractèrent à la lumière, elle lécha du jus de citron versé sur ses lèvres… et elle avala même un morceau de fromage qui ressortit intact de l’autre coté de son œsophage .

Les têtes de chien de Bryukhonenko devinrent célèbres dans toute l’Europe. Certains s’imaginèrent même qu’elles étaient la clé de l’immortalité : le dramaturge Georges Bernad Shaw proposa ainsi qu’on utilise cette technique pour maintenir en vie d’illustres personnages à l’article de la mort…

Robert E. Cornish, le savant fou

La planche à bascule de CornishJeune prodige, Robert Cornish se vit proposer un poste à l’Institut de Biologie Experimentale de l’université de Californie alors qu’il n’avait que 22 ans. Bizarrement, lorsqu’il en eût 27, en 1932, sa vie prit un tournant décisif : il décida qu’il parviendrait à ressusciter les morts.

Au coeur de sa stratégie, il y avait une planche à bascule. Cornish pensait qu’en attachant un corps à la planche et en faisant basculer celle-ci de façon continue, on pourrait obtenir une circulation sanguine artificielle, ce qui permettrait de faire revenir à la vie des « patients » dont les organes vitaux ne souffraient pas de dommages majeurs. En 1933, il fit plusieurs tentatives sur des victimes de noyade, d’éléctrocution, ou encore d’attaques cardiaques, mais tous restèrent obstinément morts.

Cornish et ses chiens-zombiesCornish décida alors de perfectionner sa methode sur des animaux. En 1934, il se lança dans une série d’experiences de résurrection canine en public. Il opéra au total sur 4 fox-terriers, qu’il asphyxiait avant d’essayer de les ranimer à l’aide d’injections d’adrénaline, de bouche-à-truffe, et de sessions de « basculage ». Chose incroyable, il obtint des résultats : deux des chiens revinrent à la vie et survécurent pendant plusieurs mois, bien que frappés par de sévères dommages cérébraux. Ces « chiens-zombies » étaient réputés pour faire fuir les autres chiens qu’ils rencontraient.

La presse s’empara de l’affaire, et Cornish, strabisme divergeant aidant, devint l’incarnation parfaite du savant fou. Ses travaux inspirèrent même quelques films d’horreur à Hollywood, dont « The Man With Nine Lives » avec Boris Karloff.

Vladimir Demikhov, le faiseur de chimères

Un des chiens de Demikhov conservé au Musée médical de LettonieEn 1954, l’Union Soviétique choqua (encore) le monde en dévoilant la preuve de sa supériorité scientifique : un chien à deux têtes. La créature était le fruit du travail de Vladimir Demikhov, un des plus grands chirurgiens du pays qui avait été envoyé faire ses experiences dans un centre de recherche secret. Demikhov avait créé son cerbère en greffant la tête et les pattes avant d’un chiot sur le cou d’un berger allemand. Il fabriqua en tout 20 hybrides de ce genre, mais à cause d’infections post-opératoires, la plupart ne vécurent pas longtemps : le record fut de 29 jours.

Un chiot greffé lappe du laitLa presse mondiale fit ses choux gras des monstres de Demikhov, allant jusqu’à les qualifier de « Spoutnik chirurgicaux ». Aline Mosby, une journaliste de l’agence United Press qui se déplaça pour voir un des hybrides, rapporta que malgré leur système circulatoire commun, les deux têtes vivaient des vies séparées. Elles dormaient et se réveillaient à des heures différentes. La tête greffée lappait même du lait de son coté, alors que les nutriments nécessaires lui étaient fournis par son « hôte », et que de toute façon le liquide ressortait par l’œsophage .

Face aux critiques qui considéraient ses chiens à deux têtes comme un coup publicitaire dénué d’utilité scientifique, Demikhov répondait qu’ils faisaient partie d’une série d’experiences en technique chirurgicale. Son but ultime, disait-t-il, était de réussir des greffes d’organes vitaux chez l’homme. Ainsi, lorsque le Dr Christiaan Barnard réalisa la première transplantation cardiaque en 1967, on ne fut pas étonné d’apprendre qu’il considérait Demikhov comme un maître.

Robert J. White, le vrai Frankenstein

Robert White, essayant d'avoir l'air coolLa réponse americaine à Demikhov fut un certain Robert White. En 1961, ce jeune chirurgien de 34 ans débordait d’ambition. Avec l’aide du gouvernement des Etats-Unis, il fonda un centre de recherche sur le cerveau à Cleveland, dans l’Ohio. Ses commanditaires le prièrent de faire tout ce qu’il fallait pour « battre » Demikhov. C’etait la guerre froide, et il en allait de la fierté nationale.

White reconnaissait que le « tour » de Demikhov était impressionant, mais brancher le buste d’un chiot sur le cou d’un chien adulte, ce n’était pas à proprement parler une greffe de tête. Il voulait aller plus loin. Et c’est ainsi qu’il envisagea de poser la tête d’un animal sur le corps d’un autre, tout simplement. Le genre de choses qu’on voyait d’habitude à Hollywood, ou dans les livres de science-fiction.

Ainsi, durant plusieurs années d’experimentations (où il parvint notamment à maintenir vivant un cerveau de singe à l’exterieur du crane de ce dernier), White se prépara pour son « Grand Œuvre ». Et le 14 mars 1970, il était fin prêt. Lors d’une opération particulièrement délicate, il détacha la tête d’un singe pour la greffer sur le corps d’un autre.

White et un de ses malheureux patientsQuand le singe décapité s’éveilla dans un nouveau corps, il ne montra pas spécialement sa joie d’avoir contribué à l’avancée de la science. Ses yeux suivaient nerveusement ce qui se passait dans la pièce, et lorsque White plaça un doigt dans sa bouche, il le mordit. La moëlle épinière ayant tout de même été sectionnée, cette pauvre créature était paralysée en dessous du cou, et heureusement pour elle, elle ne survécut pas plus d’une journée.

White avait atteint son incroyable objectif, mais il ne fut pas acclamé en héros par la patrie reconnaissante. Au lieu de ça, le public fut affligé par les horreurs que cet homme avait commises au nom de la recherche. Assumant jusqu’au bout son rôle de Frankenstein des temps modernes, White affirma publiquement qu’il fallait passer au niveau supérieur, en greffant une tête humaine. Il fit même des conférences accompagné d’un tétraplégique, volontaire. Toujours vivant, Robert White est aujourd’hui à la retraite. Pour le bonheur de tous les singes du monde…

Plus d’infos :

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Comments (25)

  1. Marine

    On dirait les expériences du dernier film X Files !

  2. Patrick

    Oui, les scenaristes se sont inspirés notamment des experiences de Demikhov pour le film

  3. Thers

    Brrrrrr! C’est à glacer le sang… c’est le cas de le dire. Avec l’article sur la Ferme des corps, ça me coupe complètement l’envie de filer mon corps à la science, ou alors, avec un petit mot : »Récupérez tout ce qui peut servir concrètement à un vivant et brulez le reste. »

    En tout cas, c’est réellement bien décrit, écrit et documenté. Pourtant, une question reste en suspens : personne n’a tenté des expériences similaires sur les corps de ces docteurs Frankenstein? C’est vrai ça! Ont-ils légué leur corps à la science?

  4. petit poisson

    C’est bizarre tout ça ! En tout cas, cela pose une véritable question philosophique sur les limites de la science et de son éthique. Sans les docteurs Frankenstein du passé (pas forcément ceux cités dans l’article, mais j’imagine qu’il y a eu d’autres expériences dans le genre) en serait-on là aujourd’hui ?

  5. Patrick

    A mon avis c’est une question fondamentale, sur laquelle on pourrait débattre longtemps. L’exemple du Dr Demikhov montre que sans ses horribles hybrides, nous n’aurions peut être pas connu les greffes cardiaques. La question reste donc posée: jusqu’ou sommes nous prets a repousser les frontières de notre ethique, dès lors que notre intêret commun est en jeu?

  6. Dorothée

    Tout cela me fait un peu PEUR !!! Pauvres toutous…

  7. NoNo

    Dès lors qu’on possède un grand instinct de survie, je pense qu’on est prêt à faire n’importe quoi pour se préserver. Et dans notre égoïsme engendré par le monde actuel, que vaut la vie d’animaux ou d’inconnu(e)s face à notre propre vie?

  8. tasli

    ben même s’il ont fait avancer la science, ils devaient être assez glauque au quotidien.
    j’imagine bien :
    -il fait quoi ton papa?
    -il greffe des buste de chiots sur des chiens…
    -degeux!

    mais il y a du avoir pas mal de ratés dans ces experiences… parce que au niveau compatibilité, c’est pas évident. est-ce que les deux sujets devaient forcément avoir le même groupe sanguin?

  9. Ah les têtes de chiens greffées c’est absolument horrible ! Le coup des chiens zombies qui font fuir les autres c’est assez inquiétant aussi… brrr…

  10. Princeps

    Je sens que l’article est plus hostile à white qu’aux autres savants fous , pourtant de ce que j’en avais entendu son but aussi était d’aider des malades et non pas de jouer les amuseurs publiques.

  11. LivingLegacy

    Et bien, pour le coup des têtes immortelles, c’était bien pensée.
    Vous l’avez voulu ? Futurama l’a fait ! \o/

  12. L’anecdote du décapiteur du Kremlin me rappelle une des nouvelles du livre Kiss Kiss de Roald Dahl : le cerveau d’un homme est maintenu en vie grâce à une pompe artificielle qui irrigue l’organe. L’homme conserve tous ses souvenirs et ne dispose que d’un oeil dont le nerf est resté relié au cerveau.

  13. djd115

    bonjour axolot

    depuis que le hazard m’as fait arriver surt une de tes videos je suis devenu axolotman (nouvelle maladie) je devore tous tes articles en long large et travers et tes videos sont parmi mes preferes

    je tenais a te remercier tu viens d’ajouter une nouvelle passion,parmis toutes les autres que j’ai déja(musique,jeux video)

    merci,merci beaucoup

  14. The_hyena

    « -50% sur la cervelle dans le rayon boucherie… »

    Cet article me rappelle pourquoi en temps qu’aprenti docteur moreau ( selon ma mère) le roman original m’as toujours fait flipper, et que je préfère créer des « monstres » par la génétique ^^

  15. Estelle

    « dès lors que notre intérêt commun est en jeu », j’avoue ne pas être sûre que ces hommes aient réalisé leur expérience dans l’espoir de pouvoir sauver le plus de vies humaines par la suite. J’y vois plutôt une poursuite de gloire, individuelle ou nationale, et l’envie de marquer l’histoire de la science de leur nom.
    Mais ces expériences restent tout de même des plus impressionnantes.

  16. Rodar

    J’attends toujours un truc plus spectaculaire, genre, greffer une tête de poulet sur un corps de truite. Ça en jetterait, ça…

  17. Exbrayat M

    Excuse moi Patrick mais je crois que tu a fait une petite faute ,tu as écris « terrifait » au lieu de « terrifiait »

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